Logement

Quel serait l’effet d’un indicateur carbone pour déterminer la classe PEB?

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Dans un contexte d’urgence climatique et de raréfaction des ressources, la Région de Bruxelles-Capitale (RBC) met en œuvre une stratégie de rénovation énergétique du bâti. Pour cela, elle s’appuie fortement sur le certificat PEB (Performance Énergétique des Bâtiments) comme outil de planification et de réglementation. Ce certificat classe les logements de A à G selon leur consommation d’énergie primaire (CEP) théorique, mais les émissions de gaz à effet de serre (GES) n’influencent pas le classement des logements.

Cette approche présente cependant plusieurs limites. En particulier, des logements théoriquement fortement émetteurs de GES peuvent aujourd’hui obtenir une bonne note PEB grâce à leur potentiel d’autoproduction d’électricité sur site (ex. : panneaux photovoltaïques, cogénération), sans réelle réduction d’émissions de GES. De plus, l’intensité carbone de la source d’énergie utilisée dans le logement (mazout, gaz, électricité, etc.) n’influence pas la classe PEB.

Comment seraient notés les logements existants si l’on tenait compte de leur potentiel d’émissions de CO2 sur site ? L’objectif de cette étude, menée par The Shifters Belgium, est donc d’évaluer l’impact sur le parc existant de l’introduction d’un double indicateur CEP + GES (énergie ET carbone) dans le calcul du score PEB d’un logement en RBC.

L’analyse repose sur un jeu de 325 986 certificats PEB résidentiels, soit environ 54 % du parc de logements bruxellois de 2023, fourni par Bruxelles Environnement, grâce auxquels des scénarios ont été étudiés. Pour déterminer cette nouvelle échelle (quel logement est rangé  dans quelle classe), l’étude a souhaité maintenir le même nombre de logements dans chaque classe, avant et après application de l’échelle double indicateur.

L’étude étudie plusieurs scénarios, dont :

  • Scénario S0 (référence) : échelle PEB actuelle basée uniquement sur le score CEP
  • Scénario S1 : impact ajout d’un indicateur carbone (GES) dans l’échelle PEB et limitation de la prise en compte du potentiel d’autoproduction
  • Scénarios S2 et S3 : S1 + mise à jour des facteurs de conversion (FC) et d’émissions (FE) de l’électricité
  • Scénario ALL : combinaison des changements précédents

La classe PEB obtenue par cette étude est ainsi le résultat d’une évaluation de la performance théorique d’un logement à une double contrainte énergie et carbone. L’autoproduction quant à elle ne peut plus faire baisser indéfiniment le CEP théorique, et elle n’est pas prise en compte dans le calcul des émissions théoriques de GES (pas de crédit carbone).

En conclusion, cette étude démontre que l’ajout d’un indicateur carbone dans le calcul de la PEB permettrait :

  • De mieux cibler les logements qui sont théoriquement les plus émetteurs.
  • D’encourager la décarbonation des modes de production (remplacement des systèmes au mazout).
  • De limiter les effets d’optimisation via l’autoproduction qui sont sans impact réel sur les émissions théoriques de GES du logement concerné

Ce double indicateur permettrait de rendre le Certificat PEB, que la Région a désigné comme outil de pilotage de la rénovation énergétique, plus en phase avec les enjeux climatiques, géopolitiques et énergétiques, tout en respectant un équilibre politique via l’ajustement des seuils qui permet de conserver le même nombre de logements par classe.

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