Logement

La transformation de nos systèmes de chaleur, aujourd’hui très dépendants du pétrole (dont le mazout est dérivé) et du gaz, est un pilier incontournable de la décarbonation en Belgique ainsi que de notre autonomie et résilience énergétiques. En Wallonie, où un ménage sur deux se chauffe encore au mazout, le Plan Air Climat Énergie (PACE) adopté en mars 2023 prévoyait l’interdiction de l’installation de nouvelles chaudières au mazout à partir du 1er mars 2025 dans les bâtiments neufs et à partir du 1er janvier 2026 dans les bâtiments existants.

Le 18 décembre 2024, la Ministre wallonne de l’Énergie, du Plan Air-Climat, du Logement et des Aéroports, Cécile Neven, a annoncé le report de ces interdictions et sa volonté de consulter différents acteurs du secteur pour “aboutir à une législation praticable”. The Shifters Belgium, comme force de proposition pour la transition climatique et énergétique en Belgique, a souhaité éclairer le débat en quantifiant l’impact, en termes d’émissions de CO2, du report de l’interdiction des nouvelles chaudières au mazout.

Cela revient à comparer les émissions qui seront engendrées si 22 000 chaudières au mazout en fin de vie en 2026 sont remplacées soit par de nouvelles chaudières au mazout (report de l’interdiction), soit par d’autres systèmes de chauffage à disposition des ménages wallons (en cas de maintien de la mesure d’interdiction des nouvelles chaudières mazout).

Nos calculs montrent que pour une année de report, c’est 1 million de tonnes de CO2 de plus qui seront émises pendant les 20 ans de durée de vie des nouvelles chaudières (courbes rouge vs. bleue de la figure). Cela représente l’équivalent des émissions annuelles de 75 000 belges.

Figure 1. Différentiel des émissions entre les 4 scénarios (pétrole, gaz, “maintien”, électrique).

Figure 1. Différentiel des émissions entre les 4 scénarios (pétrole, gaz, “maintien”, électrique).

Nos calculs montrent aussi le potentiel de décarbonation important des pompes à chaleur combinées à la rénovation du parc de logements (courbe verte) alors que la substitution du mazout par le gaz ne permettrait pas de diminuer suffisamment les émissions (courbe jaune) et prolongerait notre dépendance aux pays exportateurs.

Les acteurs consultés, lors de la rédaction intermédiaire de ce rapport, soulignaient que l’interdiction des nouvelles chaudières au mazout nécessite un accompagnement des ménages et du secteur de la part de la puissance publique. Les incitants fiscaux, primes, formations, réglementations doivent être alignés pour permettre des effets favorables sur les budgets des ménages et sur l’emploi.

Les Shifters Belgium appellent urgemment de leurs vœux un plan ambitieux et pragmatique pour décarboner la chaleur et plus généralement le logement en Belgique. Ils et elles encouragent les pouvoirs publics à s’inspirer des travaux et de la méthodologie rigoureuse du Shift Project pour planifier la décarbonation du secteur.

Tous les détails concernant la méthodologie, les calculs et les limites de ceux-ci se trouvent dans le rapport ci-dessous.